
Tableau de Jean-Louis Sauvat (2016) © DR
Tableau n°1 - La petite Jeanne jette les bonbons au feu
Contexte historique et familial
Née à Dijon le 23 janvier 1572, au temps des guerres de religion, Jeanne n’a pas connu sa mère, décédée lorsqu’elle avait quinze mois. Elle reçoit de son père, Bénigne Frémyot, président du Parlement de Dijon, une excellente éducation chrétienne, source de sa foi.
Bénigne Frémyot lui fait prendre conscience du commandement d’amour du prochain : « Si je n’aimais pas les pauvres, il me semble que je n’aimerais pas Dieu ».
Dieu Père, Jeanne le rencontre tout au long de sa vie. Elle en a la révélation dans le comportement de son propre père, qui sait l’accueillir dans les nombreuses épreuves qui ne l’ont pas épargnée.
« La tendresse de son père était le signe de la tendresse de Dieu… » a pu dire le père François Mercier, recteur et aumônier du monastère de la Visitation à Annecy à la fin du XXème siècle.
La scène
Nous sommes à Dijon à la fin du XVIème siècle.
Jeanne s’élance dans la pièce où se trouvent en conversation des invités catholiques et réformés auxquels le président du Parlement ouvre ses portes, en dépit de cette période d’affrontement.
« Voici des amandes glacées pour vous, Jeanne », propose l’un des invités appartenant à la Réforme.
Les adultes engagent une discussion au sujet de l’Eucharistie. « Moi je ne peux pas croire que Jésus soit réellement présent dans le Saint Sacrement », annonce l’ami de son père.
Soudain Jeanne, âgée seulement de cinq ans et qui a pourtant attentivement écouté cette discussion, jette les dragées dans la cheminée en lui déclarant : « Je ne veux pas de vos sucreries, parce que vous ne dites pas la vérité ! Si vous ne le croyez pas, vous faites de Jésus un menteur ! ». Et elle entreprend de faire changer sa position.
La scène illustre, de façon plaisante, son sens des petits sacrifices et sa maturité précoce.
« Il faut croire, Monsieur, que Jésus est au Saint Sacrement de l’autel, puisqu’il l’a dit ».
Cette exclamation montre la profondeur de l’enseignement paternel et la foi intense qui anime Jeanne.
Cette réflexion est pleine de confiance, d’espérance, d’abandon à Dieu ! Elle exprime la vivacité du désir de témoignage qui l’habite.
Fondement et portée du message de Jeanne de Chantal
Cette certitude prend appui sur la foi des Pères de l’Église.
Commentant le texte de saint Luc (Lc 22, 19) : « Ceci est mon corps qui sera livré pour vous », saint Cyrille (IVème siècle) déclare : « Ne va pas te demander si c’est vrai, mais accueille plutôt avec foi les paroles du Seigneur, parce que Lui, qui est la Vérité, ne ment pas » (in Catéchisme de l’Église Catholique). Saint Thomas d’Aquin (XIIIème siècle) déclare : « La présence réelle du véritable Corps du Christ et du véritable Sang du Christ dans ce sacrement, on ne l’apprend point par les sens mais par la foi seule, laquelle s’appuie sur l’autorité de Dieu ».
Plus récemment, saint Jean-Paul II écrit : « L’Église et le monde ont grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement de l’amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l’adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes et les grands délits du monde. Que notre adoration ne cesse jamais ! » (Dominicae Cenae).
Dans sa présence Eucharistique, Dieu reste mystérieusement au milieu de nous comme Celui qui nous a aimés et qui s’est livré pour nous.
Que dites-vous de l’attitude de la petite Jeanne ?
Et vous, que dites-vous de la présence réelle ?
N’est-elle pas d’un grand secours dans le monde où nous vivons ?